Côte d’Ivoire : Les irrégularités du fichier électoral relancent le débat sur la transparence des élections.

Alors que la Côte d’Ivoire se prépare pour les élections d’octobre 2025, l’analyse du fichier électoral provisoire a mis en lumière de graves irrégularités. Des anomalies qui posent un sérieux problème de crédibilité et soulèvent des inquiétudes quant à la transparence du processus électoral.

Des incohérences préoccupantes dans la base de données électorale 

L’examen de la liste électorale provisoire, remise par la Commission Électorale Indépendante (CEI) le 17 mars 2025, a révélé plusieurs manquements inquiétants : 

– Données incomplètes : 76 électeurs sans nom, 256 sans prénom, 79 sans date de naissance et 375 sans lieu de naissance. 

– Saisie fantaisiste : Des mentions comme « ND » (Non déterminé) figurent dans de nombreux champs, rendant des dizaines de milliers d’inscriptions problématiques. 

– Problèmes de filiation : 9 217 électeurs sans père connu et 83 231 sans mère connue, portant à 317 144 le nombre de cas affectés par ces lacunes. 

– Non-respect de l’article 7 : Plus de 5 millions d’électeurs ne remplissent pas les conditions légales, réduisant à seulement 3 millions le nombre d’électeurs valides. 

Fraudes et doublons : des chiffres alarmants 

Outre les irrégularités dans la saisie des données, l’analyse a mis en évidence un grand nombre de doublons : 

– 125 381 cas de données identiques sur 12 variables. 

– 107 000 doublons détectés même parmi les électeurs supposés « réguliers ». 

– 7 363 cas suspects après filtrage des enregistrements incomplets. 

Ces incohérences substantielles mettent en évidence non seulement des carences fondamentales au sein du système électoral, mais également dans l’établissement et la gestion du fichier des électeurs. Autant d’éléments qui viennent accréditer des soupçons de manipulations.

Un cadre légal pourtant clair 

L’article 4 de la loi électorale permet à la CEI d’accéder aux fichiers d’état-civil et consulaires afin de garantir l’intégrité du fichier électoral. Pourtant, ces ressources ne semblent pas avoir été pleinement exploitées pour améliorer la fiabilité du processus. 

De plus, l’article 6 du code électoral prévoit une mise à jour annuelle de la liste électorale. Or, la liste utilisée pour 2025 repose principalement sur la révision de 2024, excluant les nouveaux majeurs et les mutations récentes du corps électoral. 

Une demande pressante de réformes 

Face à ces dysfonctionnements, la Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-Côte d’Ivoire) demande une réforme en profondeur du processus électoral. Dans sa déclaration du 3 avril 2025, elle exige : 

– Un audit et une recomposition complète de la liste électorale. 

– Des sanctions contre les fraudeurs. 

– Un dialogue entre le gouvernement, les partis politiques et la société civile. 

– Une réforme de la CEI, pour en faire une institution véritablement indépendante et transparente. 

Un climat politique sous tension 

L’opposition dénonce une volonté de passage en force de la part de la CEI, qui refuse de répondre aux inquiétudes légitimes des partis et organisations de la société civile. Lors de la rencontre du 17 mars, la présence massive des forces de l’ordre a renforcé ce climat de défiance, éloignant encore davantage la perspective d’un consensus sur le processus électoral. 

Alors que la présidentielle approche, la gestion du fichier électoral devient un enjeu central. L’avenir du scrutin dépendra de la capacité des autorités à restaurer la confiance et garantir un processus électoral crédible et inclusif.

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